Le deuil chez les personnes qui s’identifient comme 2SLGBTQ+

« J’ai beaucoup de très bons amis, mais ils ne comprennent pas vraiment. Ils ne comprennent pas ce que c’est que d’être trans et de pleurer la mort d’une autre personne trans. »

Les facteurs qui peuvent aggraver votre deuil

Votre relation avec la personne

• Votre deuil dépend en partie de la relation qui vous unissait à la personne qui vient de mourir : partenaire, enfant, frère ou sœur, parent, grand-parent, ami·e ou collègue.
• Comme votre relation est unique, personne d’autre ne peut comprendre pleinement ce que signifie son départ pour vous. Votre deuil paraîtra sans doute différent de celui des autres. [KU4]
• Si vous venez de perdre un·e conjoint·e ou un·e partenaire qui ne voulait pas que la nature de votre relation soit connue, vous risquez d’éprouver des émotions diverses et déroutantes.
• Si vous ne voulez pas que soit connue la nature de votre relation, vous aurez peut-être du mal à parler de votre deuil, ce qui pourrait devenir stressant et vous isoler.

Voir aussi :

• MonDeuil.ca Modules 10 à 16 - Modules sur les types de relations 

La nature du décès

• La mort est parfois traumatisante, surtout si vous en êtes témoin ou si c’est vous qui trouvez la personne morte.
• Il se peut que vous ayez reçu trop ou trop peu d’information, ou que celle-ci vous ait été communiquée de façon insensible, indifférente ou subjective.

La réaction des autres

• Vous serez peut-être bien accompagné·e ou entouré·e d’une saine attention ou isolé·e, au contraire, si votre perte n’est pas reconnue par les autres.
• Si votre deuil n’est pas reconnu, il s’en trouvera compliqué par le jugement des autres ou le silence dont on vous entourera.

Comment la discrimination et l’oppression peuvent aggraver le deuil

Certes, l’attitude et l’opinion des Canadiennes et Canadiens à l’égard de la communauté 2SLGBTQ+ évoluent, mais l’oppression et la discrimination demeurent et continuent d’influer lourdement sur le deuil que vivent les membres de ces groupes.  

Tout le monde vivra un jour une perte, et le deuil est universel. Toutefois, l’appartenance à la communauté 2SLGBTQ+ peut compliquer l’expérience de multiples façons, notamment s’il y a discrimination et oppression sous des formes diverses comme :

• l’homophobie
• la biphobie
• la transphobie

Auxquelles s’ajoutent d’autres facteurs comme :

• l’hétérosexisme
• le racisme
• l’âgisme
• l’handicapisme
• la misogynie
• la discrimination fondée sur la classe sociale, la religion ou votre type d’union avec un·e partenaire
• l’emplacement social

Voir aussi :

• MonDeuil.ca Module 22 - Le deuil dans les communautés 2SLBGTQ+

Honte et invisibilité

Votre expérience directe en tant que personne appartenant à la communauté 2SLGBTQ+ ou cette histoire que vous partagez avec les membres de cette communauté, au Canada ou ailleurs, vous procurent peut-être une impression d’invisibilité ou un sentiment de honte, qui risquent de vous couper de votre deuil ou de vous inciter à le nier.

Les traumatismes

En tant que personne 2SLGBTQ+, vous avez peut-être déjà vécu plusieurs expériences traumatisantes, et la mort risque de faire naître ou ressurgir des idées ou des émotions associées à ces traumatismes.

Voir aussi :

• MonDeuil.ca Module 25 - Le deuil consécutif à un traumatisme

• La perte est universelle. La vie change, et il est normal de ne pas vous sentir vous-même ou d’être submergé·e d’idées et d’émotions diverses.
• Même si les autres lui prêtent peu de légitimité, votre relation conserve toute son importance. Songez à ce que vous pouvez faire pour la reconnaître.
• Prenez soin de votre santé physique en veillant à ce que vous mangez et buvez, ainsi qu’à votre hygiène personnelle, et faites de l’exercice. Attention de ne pas trop consommer d’alcool ou de médicaments; notez si votre sommeil est agité.
• Soyez à l’affût de la façon dont s’expriment vos émotions et vos sentiments, ainsi que de l’apparition d’hypervigilance. Si votre état vous inquiète, consultez un médecin.
• Il est tout à fait normal que votre perte vous donne envie de pleurer et que vous vous sentiez perdu·e, assommé·e ou en colère, mais veillez à ne pas vous couper entièrement des gens ou des choses qui vous réconfortent ou à ne pas abandonner vos habitudes quotidiennes.
• Les effets de votre deuil s’intégreront progressivement à votre vie, tandis que son intensité s’atténuera. Il importe de comprendre qu’on « ne surmonte pas » la perte, mais que l’on peut s’y habituer; c’est la première étape du cheminement qui vous permettra de trouver des moyens de vivre avec cette expérience particulière.
• N’hésitez pas à accepter le soutien que l’on vous offre, et à dire si cela ne vous convient pas.
• Envisagez la possibilité de rédiger un journal ou d’exprimer autrement votre deuil.
• Trouver des façons de reconnaître la perte que vous avez subie, ou créez de nouvelles habitudes.
• Il existe des services adaptés à la communauté 2SLGBTQ+, qui proposent un espace sûr. Si vous préférez l’anonymat, utilisez un service d’urgence téléphonique.
• Au besoin consultez une ou un spécialiste en accompagnement du deuil, les traumatismes et les services à la communauté 2SLGBTQ+.
• Si vous en avez l’envie ou la force, cherchez un groupe de soutien pour personnes endeuillées membres de la communauté 2SLGBTQ+ dans votre région ou en ligne. Les échanges entre personnes qui ont vécu des expériences semblables peuvent briser l’isolement.
• N’oubliez pas les personnes de confiance parmi vos ami·es, les membres de la famille, les prestataires de soins et les chefs spirituels ou religieux, qui vous connaissent bien et qui peuvent vous aider.

Surtout, prenez acte de sa perte, et n’oubliez pas que chacun·e à sa propre manière de vivre un deuil.

Demandez à la personne endeuillée quelle forme de soutien lui serait utile, et respectez ses choix.

Offrez-lui un soutien émotionnel : passez du temps avec elle et écoutez-la avec compassion et patience, sans la juger.

Si vous pouvez lui apporter un soutien pratique, demandez-lui si elle a besoin d’aide pour entretenir sa cour, faire les courses, prendre soin d’un animal favori, conduire ou cuisiner des repas, par exemple.

Soyez prêt·e à vous engager à long terme.

Voir aussi :

• Comment accompagner une personne en deuil 

Si la situation vous dépasse ou si vous avez l’impression que votre deuil s’éternise, adressez-vous à un professionnel de la santé ou à une personne de confiance, comme un médecin, un aumônier, une infirmière praticienne, un travailleur social ou une directrice d'école. Ces personnes de confiance seront peut-être en mesure de vous diriger vers des ressources et des programmes adaptés ou d'autres formes de soutien, comme des services en accompagnement du deuil ou des soins médicaux.

Les services d’accompagnement psychologique sont parfois couverts par les régimes d'assurance-maladie complémentaire ou les programmes d’aide aux employés. Prenez soin de vérifier si le fournisseur du service a de l’expérience en accompagnement du deuil. Si vous éprouvez une certaine agressivité à votre égard ou envers une autre personne, vous devez absolument chercher de l’aide. Rendez-vous au service des urgences le plus proche ou appelez un service d’écoute téléphonique. Au Canada, vous pouvez composer ou texter le 9-8-8.

Voir aussi :

• Me faut-il plus d'aide?
• MonDeuil.ca Module 8 - Où trouver de l'aide si j'en ai besoin?

Pour les membres de la communauté 2SLGBTQ+, le deuil se double souvent d’autres formes de perte et, parfois, d’un traumatisme. Il peut être compliqué par des expériences de discrimination et d’oppression passées ou actuelles. Si vous avez l’impression que pour certaines personnes, votre sentiment de perte n’est pas légitime, vous pourriez avoir du mal à faire votre deuil. Les pertes peuvent s’accumuler au fil du temps, et entraîner un sentiment accru d’isolement, de méfiance ou de peur. N’hésitez pas à demander l’aide à des personnes de confiance parmi vos ami·es, à votre famille et aux services communautaires. Il est important de se sentir bien accompagné·e pour bien vivre son deuil et lui trouver un sens.

Voir aussi :

• MonDeuil.ca Module 22 - Le deuil et les communautés 2SLGBTQ+