Vérités sur le deuil

C’est inévitable, il nous faudra un jour nous éloigner d’une personne, d’un lieu ou d’une chose qui nous importe. Nous vivrons alors un deuil, surtout si cet éloignement est permanent. Une séparation, la maladie ou la mort nous feront forcément perdre un groupe, des amis ou des proches. Nos besoins, notre situation et nos priorités s’en trouveront changés.

Une transition ou un changement de milieu peut nous éloigner d’un endroit familier, auquel nous tenons particulièrement. L’âge et l’expérience nous obligeront à laisser derrière nous des croyances, des convictions, un idéal, des traditions. Certaines pertes affectent une communauté ou une population entière; c’est le cas, par exemple, d’une guerre, d’un génocide ou d’une catastrophe naturelle. Le plus souvent, toutefois, la perte touche un petit groupe ou une famille. Quoi qu’il en soit, une perte, qu’elle soit due à la mort ou à un autre événement d’importance, génère souvent un deuil.

Notre façon de composer avec le deuil, de le vivre et de le comprendre reflète notre personnalité et dépend de divers éléments :

• notre personnalité;
• notre expérience de la vie (et de la perte);
• les formes de soutien qui nous sont accessibles;
• la nature de la relation avec la chose ou l’être perdu;
• notre santé mentale et physique;
• nos croyances ou notre spiritualité;
• le contexte social;
• notre culture;
• les valeurs, les attentes et les normes de notre communauté ou de notre famille.

Matière à réflexion : Ma façon de vivre et d’exprimer mon deuil reflète-t-elle vraiment qui je suis?

Si vous êtes proche aidant·e : Avez-vous du mal à comprendre ou à accepter la façon dont la personne que vous accompagnez vit son deuil? Son expérience du deuil et sa façon de l’exprimer reflètent-elles ce qu’elle est et ce qu’elle a perdu?

Le deuil, ce n’est pas un problème à résoudre ou un défaut à réparer. C’est une réaction saine à la perte, réelle ou perçue, d’une chose ou d’un être auquel nous tenons. Et même s’il est difficile et douloureux et s’il ne correspond pas à nos attentes (ou des attentes des amis ou de la famille), le deuil n’est jamais déplacé, inutile ou négligeable. Mieux vaut le voir comme une réaction d’adaptation attendue et utile. Les pensées et les émotions difficiles que génère un deuil peuvent tout de même aider à absorber et à traiter la perte et ses conséquences, à s’adapter à la vie devant vous.

Le deuil entraîne souvent des réactions de ce genre :

• penser fréquemment à l’être ou à la chose perdu;
• revoir ou imaginer les événements qui ont précédé ou suivi la perte;
• remettre en question nos croyances ou nos convictions;
• être attiré·es par ce qui nous rappelle la perte ou, au contraire, vouloir l’éviter;
• vivre difficilement des émotions intenses;
• ne rien sentir, se sentir assommé·es ou ressentir des émotions totalement inattendues;
• aspirer à nous sentir mieux, puis regretter ce sentiment;
• éprouver de l’ambivalence ou de la peur, avoir foi en l’avenir, voire tout cela à la fois!

Matière à réflexion : Mon deuil comporte-t-il des éléments inattendus et inquiétants?

Si vous êtes proche aidant·e : Le deuil de la personne que j’accompagne a-t-il quelque chose d’inattendu et de préoccupant? Y a-t-il des spécialistes qui peuvent m’aider à déterminer si j’ai raison de m’inquiéter?

La perte d’une chose ou d’une personne à laquelle on attache beaucoup d’importance peut influer sur bien des aspects de notre vie, de manière temporaire ou permanente. Le deuil s’apprend progressivement, et il est parfois difficile de prévoir comment nous agirons ou réagirons dans une situation donnée, ce qui complique un peu le cheminement et incite parfois à s’isoler et à ne rien dire. Vous pourriez ne pas savoir comment agir ou que faire avec les autres ou avec ce que vous-même éprouvez… et les autres pourraient bien se trouver exactement dans la même situation.

Le deuil influe sur :

• nos relations et nos activités sociales;
• nos émotions et nos réactions;
• notre motivation et nos champs d’intérêt;
• notre façon de penser;
• nos convictions et croyances relatives à la vie;
• le corps et la santé;
• nos habitudes.

Matière à réflexion : Le malaise que je ressens depuis que je suis en deuil m’empêche-t-il de vivre ma vie? 

Si vous êtes proche aidant·e : Puis-je apprendre à vivre avec ce malaise pour être présente auprès d’une personne endeuillée et mieux l’accompagner? 

Pour beaucoup, le deuil, c’est de la tristesse et de la peine, mais à la vérité, c’est souvent un mélange d’émotions surprenantes, voire contradictoires, comme la colère, l’hébétude, le remords, le soulagement, l’anxiété et bien d’autres encore. À défaut de bien comprendre que tout cela est naturel, on risque une détresse plus profonde.

La perte et le deuil ne concernent pas que les émotions. Le deuil influe également sur :

• nos idées;
• notre comportement;
• nos croyances et nos convictions;
• nos relations;
• notre corps (notre être physique).

Matière à réflexion : Quels effets ont sur moi ma perte et mon deuil? Dois-je prêter plus d’attention à certains éléments de ma vie?

Si vous êtes proche aidant·e : La personne que j’accompagne éprouve-t-elle plus de mal avec un aspect de sa vie en particulier? Puis-je lui offrir de l’aide à cet égard?

Voir aussi :

• Comment le deuil se vit et se ressent

Le deuil complique parfois beaucoup la vie quotidienne, au point que l’on se demande – et c’est normal – si on en verra un jour la fin. On s’adapte progressivement à la vie après la perte. Le deuil n’a pas de durée « acceptable » ou universelle. Pour certaines personnes, il ne disparaît jamais complètement. Il tend à perdre en intensité ou à s’atténuer avec des soins et du temps, mais il arrive qu’il reste très douloureux pendant des mois, voire des années. Vous continuerez de penser à qui ou à ce que vous avez perdu, et d’en éprouver le deuil. Ces pensées et ces émotions se feront généralement moins présentes et moins dérangeantes au quotidien, mais elles ne vous quitteront jamais tout à fait, pas plus que le souvenir de la personne ou de la chose perdue.

Nombre de facteurs influent sur notre façon de comprendre le deuil et d’y réagir :

• les cercles sociaux;
• la communauté;
• la culture;
• le milieu économique;
• les ressources accessibles;
• le lieu de travail;
• notre communauté religieuse ou spirituelle;
• la géographie.

Les réactions à la perte sont en partie fonction du milieu socioculturel et même de l’histoire. Par exemple :

• votre perte est totalement acceptée (considérée comme valide);
• votre perte est ouvertement reconnue (les gens vous en parlent et vous posent des questions);
• on vous appuie sans réserve (individuellement ou en groupe, de manière rituelle ou traditionnelle);
• vous vivez votre perte de manière intime (avec les personnes qui vous sont les plus proches ou complètement seul·e);
• votre perte suscite le découragement (et est vue comme inutile ou stérile);
• votre perte est minimisée (on l’estime illégitime, inconvenante);
• votre perte est stigmatisée (et considérée comme un signe de faiblesse);
• votre perte n’est pas largement reconnue (seulement par une ou deux personnes, votre famille ou votre communauté).

Il est important de savoir que si vous vivez votre deuil différemment des attentes de votre communauté ou de votre famille, étant donné la tradition ou la culture à laquelle vous appartenez, vous risquez de vous sentir bien seul·e.

Matière à réflexion : En quoi ma culture et d’autres facteurs peuvent-ils influer sur ma façon de vivre mon deuil? Puis-je compter sur le soutien de ma communauté ou de gens de ma culture?

Si vous êtes proche aidant·e : En quoi le milieu culturel et socioéconomique de la personne que j’accompagne peut-il influer sur son deuil? Est-ce que mes propres convictions et le milieu d’où je viens peuvent nuire à ma capacité d’aider cette personne sans lui faire de mal?

Si la situation vous dépasse ou si vous avez l’impression que votre deuil s’éternise, adressez-vous à un professionnel de la santé ou à une personne de confiance, comme un médecin, un aumônier, une infirmière praticienne, un travailleur social ou une directrice d'école. Ces personnes de confiance seront peut-être en mesure de vous diriger vers des ressources et des programmes adaptés ou d'autres formes de soutien, comme des services en accompagnement du deuil ou des soins médicaux.

Les services d’accompagnement psychologique sont parfois couverts par les régimes d'assurance-maladie complémentaire ou les programmes d’aide aux employés. Prenez soin de vérifier si le fournisseur du service a de l’expérience en accompagnement du deuil. Si vous songez à vous en prendre à vous-même ou à autrui, rendez-vous au service des urgences le plus proche, appelez votre service d’écoute téléphonique ou, si vous êtes au Canada, composez ou textez le 9-8-8. Vous devez absolument chercher de l’aide.

Voir aussi :

• Me faut-il plus d’aide?  
• MonDeuil.ca Module 8 - Où trouver de l’aide si j’en ai besoin?