Le deuil chez les peuples autochtones

Le deuil est une expérience universelle, mais pour les Autochtones du Canada, il subit l’influence profonde d’un contexte historique et culturel particulier, ce qui le distingue du deuil vécu par d’autres. Pour les communautés autochtones, le deuil causé par la perte d’un être cher a des liens profonds avec la perte de la culture, du territoire et des structures sociales perturbées par la colonisation. Ce deuil qui transcende les générations est ancré dans des siècles de violence systémique, d’assimilation forcée et de dépossession.

Pratiques traditionnelles autour du deuil

Historiquement, les peuples autochtones ont mis en place des pratiques culturelles riches et diversifiées pour prendre soin les uns des autres au cours des transitions de la vie, y compris la mort. Ces pratiques sont fondées sur le savoir communautaire, les enseignements spirituels et des liens familiaux solides qui mettent l’accent sur le bien-être collectif. Toutefois, l’arrivée des colons européens s’est accompagnée de politiques d’assimilation telles que la Loi sur les Indiens et l’établissement du système de pensionnats autochtones. Ces politiques visaient à éradiquer les cultures et les pratiques autochtones. En conséquence, les modes traditionnels de deuil et de guérison ont été perturbés, ce qui a forcé les communautés autochtones à s’adapter à des systèmes de gouvernance, de religion et d’éducation étrangers. Cette éradication forcée de la culture est une importante source de deuil en elle-même, car les Autochtones se sont vu refuser le droit de prendre soin de leurs malades, de pleurer leurs morts et de transmettre les savoirs ancestraux.

Le deuil et le traumatisme chez les communautés autochtones

Le traumatisme associé à la perte des territoires ancestraux, des pratiques culturelles et des structures sociales s’ajoute aussi au deuil vécu par les Autochtones. La violence coloniale, y compris la dépossession du territoire, a provoqué non seulement des pertes matérielles, mais aussi une profonde déconnexion d’avec les identités spirituelles et culturelles. Ces pertes sont évidentes dans les taux élevés de suicide, de toxicomanie et de troubles de santé mentale qui prévalent dans bon nombre de communautés autochtones. Les difficultés actuelles résultent directement du traumatisme historique et persistant de la colonisation, qui continue de perturber la cohésion sociale et le bien-être individuel.

Dans les communautés autochtones, le deuil est également vécu comme un traumatisme intergénérationnel. Les conséquences des politiques d’assimilation forcée et des pensionnats ont infligé de profondes blessures qui se répercutent d’une génération à l’autre. Les survivant·es et leur descendance portent les cicatrices émotionnelles du génocide culturel, et si ce deuil n’est pas toujours visible, il se fait profondément sentir au sein des familles et des communautés. Il mène souvent à une perte de confiance envers les institutions, à l’érosion de pratiques culturelles et à un sentiment de déplacement.

Faire face au deuil vécu par les Autochtones

Pour faire face au deuil vécu par les Autochtones, il faut reconnaître et comprendre sa nature multiforme. Il s’agit non seulement de la perte d’êtres chers, mais aussi de celle de la culture, de l’identité et du lien avec le territoire. La guérison commence par la reconnaissance du passé et de ses effets persistants sur les communautés autochtones. Elle passe par le soutien au rétablissement des pratiques culturelles, par la promotion d’initiatives communautaires de guérison et par la lutte contre les inégalités systémiques qui continuent d’affecter les peuples Autochtones.

Les prochaines étapes du traitement de ce deuil doivent comprendre l’appui aux initiatives de réhabilitation et de réactivation des modes de savoir et d’être et des façons de faire autochtones. Les efforts doivent se porter en priorité sur le rétablissement des langues autochtones, la promotion de la guérison fondée sur le territoire et l’habilitation des peuples autochtones à assumer le contrôle de leurs propres processus de guérison. Il est également essentiel de créer des espaces de dialogue ouvert sur les effets continus de la colonisation et de promouvoir des politiques qui favorisent la justice, la réconciliation et le rétablissement de la souveraineté autochtone. Ce n’est que par ces efforts collectifs que nous pourrons commencer à guérir le deuil profond qui s’est transmis au fil des générations.

Programmes et services

Trouvez des programmes et des services locaux, régionaux et nationaux pour les personnes en deuil.
Recherche
Programmes et services