Le deuil consécutif à une mort traumatique

« Je voulais parler de ce qui était arrivé, mais j’avais honte et je ne voulais pas que les autres sachent ce que j’avais vu et entendu. »

Qu’entend-on par « mort traumatique »?

Une mort traumatique sera généralement subite, inattendue et particulièrement bouleversante. Certaines pertes dépassent la capacité d’adaptation d’une personne, par exemple :

• une mort malvenue (celle d’un enfant ou d’une adolescente);
• une mort inattendue (fausse couche, suicide, accident de la route, crise cardiaque);
• une mort qui aurait pu être prévenue (erreur médicale);
• une mort accompagnée de grandes souffrances (douleurs insoutenables ou actes de violence);
• une mort fortuite (catastrophe naturelle, guerre);
• une mort violente (meurtre, tuerie de masse, terrorisme);
• une mort « non naturelle » (empoisonnement ou surdose);
• une mort causée par un acte prémédité ou non (fusillade, accident hospitalier);
• une mort jugée injuste (une personne non armée abattue par un policier);
• une catastrophe qui fait de nombreux morts (écrasement d’avion, incendie).

Facteurs contributifs

Dans certains cas, les circonstances entourant le décès peuvent provoquer un traumatisme. Par exemple :

• Découvrir le cadavre
• Rentrer chez soi et y voir de l’équipement médical, des policiers ou du sang
• Voir ou entendre des choses troublantes au moment d’un décès (scènes, sons ou actions)
• Voir ou entendre des prestataires de soins de santé faire ou dire des choses alarmantes
• Se faire annoncer quelque chose d’une manière bouleversante ou insensible
• Craindre pour sa vie pendant ou après le décès de la personne

Facteurs aggravants

D’autres facteurs liés au décès peuvent accroître l’impact de la perte, par exemple :

• La façon dont vous avez appris la nouvelle
• Le manque d’information
• Le fait d’avoir survécu à un événement qui a causé la mort de quelqu’un ou d’en avoir été témoin
• Le fait d’avoir à identifier le corps
• Ne pas avoir la possibilité de voir le corps
• Le système de justice pénale ou les médias
• Le manque de soutien 

Signes de traumatisme

Les personnes qui sont confrontées à une mort traumatique n’en seront pas toutes traumatisées. Il est bon de savoir reconnaître les signes d’un traumatisme de façon à pouvoir chercher de l’aide au besoin. Voici quelques signes à surveiller :

• Vous revivez ou vous imaginez l’événement traumatique
• Vous êtes incapable de vous rappeler certains détails de l’événement
• Vous évitez les souvenirs ou les rappels de l’événement
• Vos pensées ou votre moral changent négativement
• Vous devenez hypervigilant·e ou vous vous sentez à cran

L’impact d’un traumatisme

Si le monde était pour vous un endroit sûr, juste et bon, ce décès aura peut-être provoqué une grande remise en question. Vous ne vous sentez peut-être plus en sécurité et vous dépensez sans doute beaucoup d’énergie à éviter les rappels menaçants ou douloureux. 

• Reconnaissez que votre vision du monde a été ébranlée.
• Tâchez d’être bon envers vous-même et accordez-vous le temps voulu pour faire votre deuil.
• Habituez-vous tranquillement à penser qu’il y a des questions pour lesquelles il n’y a pas de réponse. 
• Vous pourriez demander à un ami de confiance ou à un de vos membres de famille de vous accompagner et de vous soutenir.
• Vous pourriez chercher de l’aide auprès d’un·e thérapeute spécialisé·e dans le deuil traumatique. Vous devrez peut-être confronter le traumatisme avant de pouvoir commencer votre deuil, ou encore alterner entre l’un et l’autre.

Une personne en état de deuil traumatique peut se montrer réticente à partager son expérience avec d’autres personnes, de peur de les traumatiser. Elle peut éprouver des sentiments de culpabilité ou de honte. Pour la soutenir, vous devez être disposé·e et apte à entendre son histoire et vous abstenir de tout jugement, critique ou conseil.

Vous pouvez l’encourager et l’aider à chercher de l’aide auprès d’un·e thérapeute d’expérience dans le domaine du deuil traumatique.

Voir aussi :

• Comment accompagner une personne endeuillée

Si la situation vous dépasse ou si vous avez l’impression que votre deuil s’éternise, adressez-vous à un professionnel de la santé ou à une personne de confiance, comme un médecin, un aumônier, une infirmière praticienne, un travailleur social ou une directrice d'école. Ces personnes de confiance seront peut-être en mesure de vous diriger vers des ressources et des programmes adaptés ou d'autres formes de soutien, comme des services en accompagnement du deuil ou des soins médicaux.

Les services d’accompagnement psychologique sont parfois couverts par les régimes d'assurance-maladie complémentaire ou les programmes d’aide aux employés. Prenez soin de vérifier si le fournisseur du service a de l’expérience en accompagnement du deuil. Si vous éprouvez une certaine agressivité à votre égard ou envers une autre personne, vous devez absolument chercher de l’aide. Rendez-vous au service des urgences le plus proche ou appelez un service d’écoute téléphonique. Au Canada, vous pouvez composer ou texter le 9-8-8.

Voir aussi :

• Me faut-il plus d'aide?
• MonDeuil.ca Module 8 - Où trouver de l'aide si j'en ai besoin?

Les expériences traumatiques peuvent chambouler votre vision du monde et provoquer de grandes remises en question. Rappelez-vous qu’une réaction traumatique est une réaction normale à une situation anormale. Le deuil traumatique peut s’accompagner d’une perte de confiance en soi-même ou envers les autres, d’un sentiment de perte de maître de sa destinée, d’une quête de réponses, de sens ou de justice, et d’un sentiment d’aliénation ou d’isolement. Cherchez du soutien auprès de vos proches et amis ou de ressources locales ou en ligne. Il peut être bon de prendre rendez-vous avec un·e thérapeute d’expérience dans le domaine du deuil traumatique.

Voir aussi :

• MonDeuil.ca Module 25 - Le deuil consécutif à un traumatisme