Le deuil d’un parent

« Quand maman est morte, papa s’est lancé dans le ménage du garage, ma sœur était inconsolable et mon oncle a disparu jusqu’aux funérailles. Je ne comprenais pas pourquoi ils agissaient ainsi. Quand j’ai compris que chacun vivait son deuil à sa façon, ça a tout changé pour moi. »

Plusieurs éléments peuvent influer sur votre façon d’éprouver le deuil d’un parent :

Votre relation

Si vous étiez très proches, vous pourriez avoir l’impression d’avoir perdu une partie de vous-même ou votre « ancrage », et avoir envie de parler avec la personne disparue. Presque toutes les relations parents-enfants se butent à des conflits en cours de route. Si votre relation était difficile ou peu positive, votre deuil pourrait être plus complexe. Vos émotions pourraient vous désorienter, et vous pourriez trouver troublant de ne pas avoir eu la possibilité de résoudre vos différends comme vous l’auriez souhaité. À l’inverse, vous pleurez peut-être une relation qui n’a jamais existé et ne pourra jamais exister. Peut-être aussi que vous avez depuis longtemps fait la paix avec cette réalité. Si d’autres personnes voyaient votre parent comme une présence négative ou nocive dans votre vie, elles ne comprendront peut-être pas votre chagrin, ou elles se demanderont comment vous aider.

Les circonstances de la mort

Après une longue maladie

Si votre parent était atteint d’une maladie chronique, il y a peut-être longtemps que votre deuil a commencé. Si vous pensiez que vous aviez déjà terminé votre deuil avant le décès de la personne, votre réaction de deuil actuelle pourrait vous étonner. Si vous preniez soin de votre parent, vous pourriez ressentir du soulagement à l’idée que cette fonction est terminée, tout en regrettant la proximité associée à la prestation des soins. Des sentiments de soulagement peuvent coexister avec la tristesse, le regret et même l’incrédulité face au décès de votre parent.

Après une longue vie

Si votre parent a vécu longtemps et en santé jusqu’à la fin, vous pensiez peut-être que sa mort vous semblerait plus naturelle et facile à accepter. Il est difficile à tout âge de perdre une personne importante. Votre parent a toujours fait partie intégrante de votre vie, ce qui peut représenter une très longue période si son décès est survenu à un âge avancé. Même si vous saviez bien que votre parent finirait pour mourir un jour, son décès pourrait quand même vous bouleverser et vous attrister profondément.

S’il s’agit d’une mort subite ou inattendue

Quand la mort est subite, il faut parfois du temps pour comprendre toutes les conséquences de cet événement. Le choc et l’incrédulité seront peut-être vos premières réactions. Si vous avez du mal à ressentir quoi que ce soit, fiez-vous au fait que vos émotions feront graduellement surface à mesure que vous absorberez ce qui s’est passé.

Votre situation 

Votre âge, votre personnalité et les autres changements qui surviennent dans votre vie (un nouvel emploi, un déménagement, une séparation ou un divorce, des difficultés financières) ont tous un impact sur votre deuil.

Si vous êtes un·e jeune adulte

Le deuil peut être une source d’isolement à tout âge, mais encore plus quand on est jeune. Vous êtes peut-être la seule personne de votre cercle d’amis à avoir vécu la perte d’un parent ou même à avoir la moindre expérience de la mort. Vos amis se demanderont peut-être comment vous aider, et vous pourriez trouver particulièrement dérangeant d’entendre des amis ou des connaissances se plaindre de leurs parents.

Les jalons importants

L’absence de votre parent à des étapes importantes (collation des grades, promotion, naissance d’un enfant, etc.) peut teinter de tristesse des moments heureux. Le fait de savoir que cette personne sera absente de ces événements futurs pourrait vous chagriner dès maintenant.

Perdre votre dernier parent

Quel que soit l’âge que vous aviez à la mort de votre dernier parent, vous faites désormais partie de la plus vieille génération de votre famille. Ce constat peut susciter un sentiment profond, voire effrayant, de responsabilité ou d’indépendance. Vous pourriez vous sentir particulièrement vulnérable et seul·e, et réfléchir davantage à votre propre mortalité.

• Vous trouverez peut-être du réconfort à côtoyer des gens avec qui vous vous sentez bien. Si vous le pouvez, exprimez-leur vos besoins. Il y aura des moments où vous aurez peut-être simplement besoin d’une oreille attentive, et d’autres où vous aurez besoin de silence ou de vous changer les idées.
• Si votre parent souffrait d’une maladie chronique, essayez de reconnaître les soins et le soutien que vous avez pu lui prodiguer.
• Il peut être réconfortant de penser à ce que votre parent vous a « légué ». Qu’est-ce que cette personne vous a appris? Quelle influence sa vie a-t-elle eue sur vous ou sur les autres?
• Vous voudrez peut-être réfléchir à la façon de souligner les anniversaires et les fêtes et d’inclure le souvenir de la personne lors des jalons importants. Vous pourriez lui écrire une lettre ou inviter quelqu’un à parler en son nom. Vous pourriez allumer une bougie ou exposer un objet spécial ayant un lien avec elle.
• Il peut être réconfortant de parler, à travers un groupe de soutien ou un service en ligne, avec des personnes qui ont vécu des choses similaires.
• Envisagez de parler à votre prestataire de soins ou à une conseillère ou un conseiller spécialisé en deuil.

• Encouragez-la à vous raconter des histoires et des souvenirs sur son parent.
• Si la personne le souhaite, racontez-lui vos propres souvenirs et anecdotes au sujet de son parent.
• Vous voudrez peut-être lui parler des caractéristiques, des champs d’intérêt et d’autres points communs que vous observez entre elle et son parent.
• Allez aux nouvelles à l’occasion des fêtes spéciales où la famille pourrait se réunir et où l’absence de la personne décédée se fera particulièrement sentir.
• Offrez à la personne de prendre la place du parent si elle le souhaite lors de jalons importants qui, normalement, incluraient le parent.

Voir aussi :

• Des idées pour soutenir une personne endeuillée

Si la situation vous dépasse ou si vous avez l’impression que votre deuil s’éternise, adressez-vous à un professionnel de la santé ou à une personne de confiance, comme un médecin, un aumônier, une infirmière praticienne, un travailleur social ou une directrice d'école. Ces personnes de confiance seront peut-être en mesure de vous diriger vers des ressources et des programmes adaptés ou d'autres formes de soutien, comme des services en accompagnement du deuil ou des soins médicaux.

Les services d’accompagnement psychologique sont parfois couverts par les régimes d'assurance-maladie complémentaire ou les programmes d’aide aux employés. Prenez soin de vérifier si le fournisseur du service a de l’expérience en accompagnement du deuil. Si vous éprouvez une certaine agressivité à votre égard ou envers une autre personne, vous devez absolument chercher de l’aide. Rendez-vous au service des urgences le plus proche ou appelez un service d’écoute téléphonique. Au Canada, vous pouvez composer ou texter le 9-8-8.

Voir aussi :

• Me faut-il plus d'aide?
• MonDeuil.ca Module 8 - Où trouver de l'aide si j'en ai besoin?

Nos parents influent sur nous d’une façon qui peut être évidente de leur vivant ou n’apparaître qu’à leur décès. Plusieurs aspects de votre vie et de vos relations peuvent influer sur votre deuil. Des émotions intenses pourraient susciter en vous un sentiment de confusion, et votre entourage pourrait ne pas comprendre votre deuil ou y réagir différemment de ce que vous auriez souhaité. Il peut être réconfortant de parler, à travers un groupe de soutien ou un service en ligne, avec des personnes qui ont vécu des choses similaires ou de consulter un·e thérapeute d’expérience en accompagnement du deuil.

Voir aussi :

MonDeuil.ca Module 11 - Faire son deuil d’un parent