Le deuil et l’aide médicale à mourir (AMM)

« Au départ, je ne comprenais pas sa décision d’opter pour l’AMM, mais depuis, je me suis rendu compte que je n’avais tout simplement pas accepté qu’elle soit sur le point de mourir. »

Vous avez peut-être trouvé que les jours précédant la mort médicalement assistée étaient particulièrement précieux et surréels. Vous avez peut-être éprouvé certains des sentiments suivants :

• Le soulagement de savoir que la personne cesserait bientôt de souffrir
• Une fixation sur le calendrier, à compter les jours et les heures
• L’incertitude à savoir comment parler de cette situation aux autres membres de la famille et aux ami·es
• Le malaise face à des questions telles que : « Qu’est-ce que tu fais ce jour-là? »
• La pression de tirer le meilleur parti possible de chaque conversation ou activité en sachant qu’elle pourrait être l’une des dernières

Les sentiments et opinions mêlés ou désagréables

Il est possible que ce décès vous inspire des sentiments contradictoires ou désagréables. Vous ressentez peut-être de la gratitude pour la mort paisible de la personne, mais de la colère contre sa maladie. Vous pouvez ressentir du soulagement à l’idée que ses souffrances sont terminées, mais ce soulagement peut s’accompagner d’un sentiment de culpabilité.

Si vous étiez d’accord avec la décision prise par la personne, vous regrettez peut-être quand même de ne pas avoir passé plus de temps avec elle. Son choix de l’AMM vous inspire peut-être un sentiment d’abandon ou même de colère. Peut-être que vous êtes réfractaire à l’AMM pour des raisons morales, spirituelles ou personnelles, et que vous avez du mal à l’accepter. Même si vous avez appuyé le droit qu’avait la personne de choisir, son choix vous met peut-être mal à l’aise.

Confidentialité et préjugés

Parfois, la personne qui a recours à l’aide médicale à mourir – ou sa famille – choisit de préserver la confidentialité de ce choix. Vous pourriez alors avoir davantage de difficulté à exprimer ouvertement votre chagrin et à recevoir du soutien.

Si on vous a caché que la personne avait choisi l’AMM, ou si vous le découvrez par la suite, cela pourrait vous blesser ou vous donner l’impression qu’on vous a privé·e de l’occasion de faire vos adieux.

Si, pour des raisons personnelles ou autres, vous n’étiez pas d’accord avec le recours à l’AMM, vous n’avez peut-être pas eu l’occasion de faire valoir votre point de vue, ou vous pourriez estimer qu’on n’en a pas tenu compte.

Si vos convictions au sujet de l’AMM diffèrent de celles d’autres membres de votre famille ou de votre cercle social, vous pourriez ressentir encore plus d’isolement dans votre deuil.

Les questions en suspens

Vous vous posez peut-être d’autres questions, par exemple :

• Ai-je trop exprimé mon accord quand la personne disparue m’a parlé de l’AMM?
• Qu’a-t-elle ressenti à la fin?
• Était-elle assez malade pour que cette décision soit justifiée?
• A-t-elle opté pour l’AMM parce qu’elle pensait être devenue un fardeau?

Il se peut aussi que vous soyez en paix avec sa décision.

La perte d’un proche ayant reçu l’aide médicale à mourir est une expérience de deuil relativement nouvelle. Selon les ressources et les appuis dont vous disposiez, vous avez pu vous sentir bien préparé·e et bien entouré·e, ou isolé·e et accablé·e. Pendant votre deuil, des parents et amis pourront vous offrir leur appui, et vous pourrez trouver du réconfort à parler avec eux.

Les conseils suivants pourront vous être utiles pendant que vous assimilez cette perte :

• Interrogez vos amis et parents à propos de leurs croyances en matière d’AMM et de leurs expériences de la mort et du deuil.
• Choisissez de fréquenter des gens capables d’écouter avec compassion, sans porter de jugement ni exercer de pression.
• Joignez-vous à un groupe d’entraide pour les personnes qui, comme vous, ont vécu une perte associée à l’AMM.
• Recherchez sur Internet de l’information, des forums ou des salles de clavardage portant spécifiquement sur le deuil après une mort médicalement assistée.

La plupart des personnes en deuil d’un proche ayant reçu l’AMM trouvent utile de parler du processus qui mène à la mort et de la mort elle-même avec une personne capable d’écoute compatissante. Offrir son soutien, c’est être là à long terme et répondre aux besoins exprimés par la personne endeuillée.

Si vous n’êtes pas d’accord avec l’AMM, vous ne serez peut-être pas en mesure d’offrir le genre de soutien dont votre proche a besoin. Vous pouvez manifester votre soutien à la personne endeuillée en vous abstenant de porter des jugements, en lui montrant que vous tenez à elle, en lui offrant un soutien pratique et en l’aidant à établir le contact avec d’autres sources de soutien.

Voir aussi :

• Des idées pour soutenir une personne endeuillée

La mort médicalement assistée est une expérience unique, et le deuil qui s’ensuit peut l’être lui aussi. Le fait de savoir quand et comment une personne va mourir ne signifie pas que le deuil aura moins d’impact. Comme dans la plupart des situations de deuil, il est naturel d’éprouver plusieurs pensées et sentiments différents, voire contradictoires. S’il vous est impossible de parler ouvertement de votre deuil à vos proches, vous pourrez trouver utile de demander de l’aide à une conseillère ou un conseiller spécialiste du deuil, à un groupe d’entraide sur l’AMM, à un·e prestataire de soins de santé ou à un leader confessionnel.

Voir aussi :

• MonDeuil.ca Module 26 - Le deuil et l’aide médicale à mourir (AMM)