Le deuil et la mort des suites de l’usage de substances psychoactives

Le deuil d’une personne dont la mort est attribuable à l’usage de substances psychoactives peut être dévastateur, voire traumatisant, notamment si vous estimez que sa mort aurait pu être empêchée. Vous vous posez peut-être des questions douloureuses ou avez l’impression que certaines choses ne sont pas réglées. Vous pourriez ressentir un certain isolement, soit parce que les autres ne reconnaissent pas votre deuil ou évitent d’en parler, soit parce que vous hésitez à en parler vous-même.

L’expérience

« J’ai passé des années à affronter la stigmatisation et à me battre pour mon frère, des années à espérer, et à voir mes espoirs déçus encore et encore. Quand il est mort, la perte que j’ai vécue cachait déjà une suite de deuils. »

Un deuil particulier

Pour diverses raisons, le deuil attribuable à l’usage de substances psychoactives peut être particulièrement complexe. Voici pourquoi :

  • Vous pourriez découvrir alors des détails qui vous étaient inconnus sur la vie, le style de vie et les problèmes de consommation de cette personne et ne plus la voir de la même façon.
  • Certaines personnes vivent un deuil continu et complexe avant même la mort de la personne, étant donné les difficultés que lui cause son usage de substances psychoactives.
  • Vous pourriez vous poser des questions sur les circonstances de sa mort, surtout si la personne ne faisait pas un usage régulier de ces substances, ou si la mauvaise qualité des substances qui lui ont été fournies a causé sa mort.
  • Peut-être avez-vous pensé qu’elle allait suivre un traitement, peu avant sa mort, ou peut-être vous étiez-vous éloigné·e d’elle.

Des réflexions et des émotions complexes

Un décès lié à l’usage de substances psychoactives est source de réflexions et d’émotions complexes, par exemple :

  • colère ou frustration;
  • regrets, remords ou culpabilité;
  • honte;
  • soulagement du fait de ne plus avoir à s’inquiéter;
  • ressentiment;
  • inquiétude, angoisse, peur;
  • tristesse profonde à l’idée que les choses auraient pu être différentes.

Dans certains cas, il faudra beaucoup de temps pour composer avec ces réflexions et ces émotions, pour les exprimer ou pour qu’elles s’atténuent.

Stigmatisation et isolement

La mort liée à l’usage de substances psychoactives peut toucher des personnes de tout âge et de tous horizons, mais l’attitude, la société, la culture, les croyances et les convictions peuvent influer sur la réaction des gens à votre perte et à votre deuil. Préparez-vous à subir entre autres :

  • le jugement de gens qui vous blâmeront et vous feront honte à propos de la personne décédée et de son usage de substances psychoactives;
  • la perte d’un soutien habituel, l’absence de soutien, les commentaires blessants de personnes dont vous attendiez du soutien;
  • un sentiment de colère et du ressentiment envers les gens qui ne vous sont pas venus en aide avant le décès;
  • la volonté que cette personne soit connue pour tout ce qu’elle était et non seulement pour son usage de substances psychoactives ou la façon dont elle est morte.

Sentiment d’injustice

Peut-être avez-vous en permanence le sentiment que la mort de cette personne est insensée, qu’il y a quelqu’un à blâmer pour son décès ou que celui-ci aurait pu être empêché. Vous pourriez par exemple avoir l’impression :

  • qu’il n’y a pas assez d’organismes d’aide et de ressources en santé mentale pour les personnes qui sont sans abri ou qui font usage de substances psychoactives;
  • que la personne qui a fourni la drogue est responsable de cette mort et qu’elle doit rendre des comptes;
  • que les prestataires de soins sont à blâmer si la personne qui est morte est devenue dépendante de médicaments antidouleur;
  • que les problèmes systémiques et l’échec des politiques antidrogue sont liés à la criminalisation, à la stigmatisation et à des sources dangereuses, ce qui vous fâche et vous frustre.

Traumatisme

Certains aspects de la perte et de la mort risquent d’être traumatisants; par exemple :

  • les effets à long terme des difficultés dont vous avez été témoin chez cette personne (maladie, blessures, pauvreté, abus);
  • des idées récurrentes et pénibles, des cauchemars, des images et des pensées importunes liés à la mort de la personne ou aux circonstances qui ont entouré celle-ci;
  • le caractère tragique de la mort de personnes souvent jeunes, qui n’auront pas eu la possibilité de vivre une longue vie.

Voir aussi :

Quand votre deuil n’est pas reconnu

La situation pourrait vous inciter à ne pas parler de votre perte. Les gens de votre entourage pourraient ne pas saisir combien votre perte vous affecte. Votre deuil pourrait vous sembler plus lourd à porter et plus déroutant si vous sentez qu’il n’est pas reconnu. On parle alors de deuil interdit ou de deuil non reconnu

Voir aussi :

MonDeuil.ca Module 27 - Le deuil non reconnu 

Quelques pistes
  • Essayez d’accueillir vos propres réflexions et sentiments, ainsi que l’impact de cette perte. C’est une première étape importante pour trouver des moyens de comprendre et d’accepter votre perte.
  • Vous pourriez avoir du mal à faire part de vos idées et de vos émotions, même aux personnes qui vous accompagnent. Tournez-vous vers des proches et amis qui vous écouteront sans vous juger ni vous donner des conseils non sollicités.
  • Certaines personnes trouvent du réconfort dans la présence de gens qui ont vécu une expérience semblable à la leur. Songez à vous joindre à un groupe de soutien (en présentiel ou en ligne) pour les personnes dont un proche est décédé à cause de problèmes de consommation.
  • N’oubliez pas que nous n’avons que peu ou pas de contrôle sur la vie des autres; du reste, vous savez maintenant des choses que vous ignoriez ou que vous ne pouviez pas savoir avant la mort de la personne.
  • Vous pourriez trouver utile de participer à des activités de revendication et de sensibilisation liées à l’usage de substances psychoactives, à la santé mentale, à la nécessité de meilleurs programmes d’aide ou aux politiques sur la drogue.
  • Le deuil est parfois éprouvant et épuisant. Exercez-vous à écarter vos pensées et émotions difficiles et à y revenir quand vous en êtes capables.
  • Peut-être vous serait-il utile de consulter un·e prestataire de soins de santé ou un·e spécialiste en accompagnement du deuil.
Comment soutenir une personne en deuil
  • Surtout, prenez acte du décès, du deuil et de la relation entre la personne endeuillée et celle qui est morte.
  • Suscitez des échanges sur l’ensemble de la vie de la personne décédée, sur sa personnalité, ses accomplissements et son histoire; évitez de ne parler que de sa mort. Prononcez son nom.
  • Acceptez d’être présent·e aux côtés de la personne endeuillée et d’être témoin de sa douleur, sans tenter d’y mettre fin ou de la faire disparaître.
  • Ne dites rien qui s’apparente à un jugement.
  • Inspirez-vous de ce que dit ou fait la personne endeuillée et offrez-lui votre soutien en passant du temps avec elle, en l’écoutant avec compassion et patience et en vous gardant de la juger.
  • Les mots sont importants. Utilisez un langage respectueux et exempt de blâme. Dites « empoisonnement par une substance toxique » au lieu de « surdose », ou « personne affectée d’un trouble lié à l’usage d’une substance psychoactive » plutôt que « toxicomane » ou « drogué·e ».
  • Demandez à la personne ce qui lui serait le plus utile et écoutez-la attentivement.
  • Si vous pouvez lui offrir une aide pratique, offrez-lui et demandez sa permission de lui rendre un service précis, par exemple, vous occuper de son terrain, faire l’épicerie, prendre soin de son animal de compagnie, la conduire, préparer des repas.
  • Envisagez de participer à ses efforts de sensibilisation et de justice.
  • Soyez prêt·e à l’aider à long terme.

Voir aussi :

Où trouver de l’aide si j’en ai besoin?

Si la situation vous dépasse ou si vous avez l’impression que votre deuil s’éternise, adressez-vous à un professionnel de la santé ou à une personne de confiance, comme un médecin, un aumônier, une infirmière praticienne, un travailleur social ou une directrice d'école. Ces personnes de confiance seront peut-être en mesure de vous diriger vers des ressources et des programmes adaptés ou d'autres formes de soutien, comme des services en accompagnement du deuil ou des soins médicaux.

Les services d’accompagnement psychologique sont parfois couverts par les régimes d'assurance-maladie complémentaire ou les programmes d’aide aux employés. Prenez soin de vérifier si le fournisseur du service a de l’expérience en accompagnement du deuil. Si vous éprouvez une certaine agressivité à votre égard ou envers une autre personne, vous devez absolument chercher de l’aide. Rendez-vous au service des urgences le plus proche ou appelez un service d’écoute téléphonique. Au Canada, vous pouvez composer ou texter le 9-8-8.

Voir aussi :

Points à retenir

Ce genre de deuil peut s’accompagner de pensées, d’émotions et d’expériences qui sont différentes de ce que vous avez déjà vécu. Vous pourriez avoir l’impression que votre deuil vous isole, soit parce que les gens évitent de parler de ce qui est arrivé, soit parce que vous hésitez à en parler vous-même. Prenez acte de votre deuil, trouvez des personnes avec qui vous pouvez le partager et demandez l’aide de professionnel·les au besoin.

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